Pinsorama volume 1^^

Bondissant sur l'occasion de tremper du fil encore plus brutalement que ne le fait l'huissier affuté sur l'impécunieux n'ayant pas eu la présence d'esprit de changer de domicile, je me suis octroyé une soirée bucolique sur un petit coin de rivière préservé des avilissants spectacles que nous impose l'oisiveté estivale dans laquelle se complait la plèbe...

Il va de soi que les niveaux extrêmement faibles du secteur interdisent à raison d'espérer la capture d'un spécimen piscicole digne de figurer, cloué à la porte du garage ou en attente de dissection sur la table de la cuisine, dans les si fameuses pages "vos belles prises" du Pêcheur de France...

Qu'à cela ne tienne !!! Je préfère de très loin pêcher à la fraîche, les pieds dans l'eau, en étant l'unique blaireau à 3 km à la ronde plutôt que de subir les insupportables familiarités du vulgaire...

Les conversations édifiantes comme celle de l'autre jour dans laquelle il apparaissait que le pote de mon interlocuteur septuagénaire ( "un super pêcheur" selon ses dires... ) avait "fait" 3 sandres depuis l'ouverture...Cosmique...Et qu'il en avait remis un à l'eau !!!...Psychédélique. 

Aux frontières du Bogdanovien...

 

Alors que le digne percidé mesurait sous la toise 38 cm...Soit seulement 2 cm de moins que la liberticide taille de conservation imposée par l'hydre bureaucratique se moquant comme de son premier pot de vin des besoins impérieux que ressent le pêcheur de base de rembourser son permis de pêche et ses 4 ensembles canne/moulinet en fibre de verre, quoi, merde, bordel à la fin !!!  Devant mon refus de partager l'enthousiasme l'étreignant devant une telle démonstration de magnanimité, mon doute affiché quant à l'opportunité de décerner le Mérite agricole, la Légion d'honneur et la Victoria cross à son miséricordieux copain de bistrot, sans oublier mon rappel fielleux que la taille légale du sandre est de toute manière fixée à 40cm, mon cacochyme s'en est allé, grommelant qu'on ne l'y reprendrait plus à apprendre les subtilités de la pêche à ces jeunes branleurs de quadragénaires ignares jusqu'à en respecter le Code rural...

Vous comprendrez donc que j'ai besoin de m'isoler afin d'échapper à ce style de rencontre, certes non dénuée d'une touche terriblement authentique, d'une rusticité flamboyante éclairant les mentalités locales, voire anthropologiquement fort instructive mais qui reste, de mon humble point de vue, terriblement désespérante...