Le streetfishing, voila l'ennemi !!!^^

Quelques minutes plus tard, à la vue de ces pêcheurs parisiens que, de 1814 à 1940, aucune défaite n'a pu troubler, le sous-officier allemand fait réflexion sur l'Allemagne  où les hommes ont "trop à faire" pour  s'abandonner à un passe-temps qui lui apparaît "tout à fait amoral et antisocial, car il représente une perte pour la société, l'amollissement d'une force qui pourrait être active et utile."

l'Illustration du 12 avril 1941, cité par Henri Amouroux in "Les beaux jours des collabos", page 205

A travers cet extrait d'un article tiré de la presse collaborationniste, on découvre au delà du contexte bien particulier que les polémiques issues des idées reçues sur le simple fait de pêcher à la ligne en ville ( faut que je me méfie avec l'emploi du terme "streetfishing" car il est déposé en bonne et due forme par des gens qui ne plaisantent pas^^ ) ne datent pas d'hier. De tout temps, en effet, on a glosé goulûment sur le pêcheur citadin se contentant de pêcher où il pouvait, loin du cliché bucolique et des senteurs printanières revigorantes du lisier bien de chez nous, juste pour le plaisir de tremper du fil afin de tenter d'oublier en glandouillant quelques instants les sinistres abrutis rêvant à un taux de croissance à deux chiffres et/ou à un Reich millénaire qui font si souvent par leur entreprenante bêtise de notre trop brève existence un chemin de croix... Des Feldwebel sentencieux ou des ultra-libéraux de bistrot, ça, on n'en manquera jamais malheureusement !!! Même si l'on ne doit pas perdre de vue qu'un tel écrit laborieusement pondu à la servile par un journaliste sucebouliste versant dans l'hagiographie à la moindre saillie de corps de garde, considération métaphysique laxative ou autre aphorisme pour protozoaires proférés par le plus insignifiant gradé subalterne de la Wehrmacht, ne peut être comparé avec l'objectivité et la probité sans faille dont font aujourd'hui preuve ceux qui nous apportent la lumière de leur science en éclairant nos ténèbres halieutiques...

Pour rester dans l'historique parisianiste, on peut se douter, avec un brin de sagacité, que le taquineur de goujon n'ait pas apprécié jadis d'avoir à subir le report de l'ouverture du brochet pour cause de drakkars en double file, qu'il n'ait point goûté de voir son coup à gardons saboté par un amorçage sauvage aux parpaillots ni que la proposition de Robespierre d'augmenter les TLC ne soit pas une des causes les plus évidentes du 9 Thermidor... Ah les belles histoires du temps passé...

Entre nous, on ne peut que célébrer ces anonymes pêcheurs parisiens qui, durant ce premier printemps d'Occupation, trouvaient plus gratifiant d'embêter quelques brèmes plutôt que de s'apprêter, à l'exemple de ces besogneux Allemands si soucieux de la collectivité, à courir se faire congeler devant Moscou, étriper à Stalingrad et écrabouiller à Koursk... Sans trop m'avancer, toutefois, j'imagine volontiers que parmi les troufions germaniques, si on leur avait demandé leur avis, il y en a plus d'un qui aurait sans nul doute préféré enchaîner à la fraîche les bredouilles sous le pont de  l'Alma, accompagné de quelques litrons, plutôt que de découvrir, dans le meilleur des cas, les sports d'hiver en Sibérie. On ne dira jamais assez ce qu'une pratique régulière de la pêche à la ligne peut éviter comme bouleversements géopolitiques... Enfin, tout ça, c'est du passé, ma bonne dame. Il est temps de se tourner vers l'avenir et ses promesses !!!

Vous me remettrez bien un kilo de truites bioniques ?^^