lundi 23 juin 2014

Wild v/s Yannistan

Alors que les rues des villes, prises d'assaut par des hordes de Born-Again Footix, s'abattant drues comme corneilles en charnier sur les rayons bière et cacahuètes les plus proches, bruissaient de cette ardeur impatiente précédant toujours les grands évènements destinés à redonner au peuple un peu de joie dans sa misérable existence de cocu du libéralisme^^, Benjito et votre serviteur, indifférents à ce battement d'estrade patriotique en culotte courte, roulions peinardement vers les sombres futaies du Yannistan mystérieux.
Nous nous rendions benoîtement en ce territoire rustique, à l'invitation d'un des mollahs locaux ( rien à voir avec Patrice, je tiens à le préciser tout de suite^^) les plus progressistes au niveau de l'halieutique, afin de goûter un peu à l'exotisme sans fard et à l'hospitalité si particulière de ces contrées préservées ; là où la main manucurée de la 4G n'a pas encore mis ses pieds délicats chaussés de mocassins Gucci !!!^^
Immédiatement pris en charge par le guide autochtone, nous aurons l'ineffable plaisir de goûter à l'ensemble des productions locales... Terrine de hérisson préalablement séché au soleil sur la RN10, émincé de ragondin façon tondeuse, tofou de jussie... On sait recevoir dans ce terroir !!!^^
Après une soirée fort festive durant laquelle, entre deux pintes de rosé, nous nous rendrons compte avec un certain étonnement que l'hymne du Yannistan ressemble à une chanson de Dalida, il est temps d'aller me coucher dans la suite "Justin Bieber" qui m'a été généreusement attribuée par le taquin Ministère du Tourisme^^...
A l'aube, des couinements gutturaux nous tirent de nos songes. Nous apprenons hébétés que les dignes héritiers, bien que chaussés de crampons, des soldats de l'An II ; ces analphabètes millionnaires, affublés de coupes de cheveux violant en réunion les canons de l'art capillaire édictés par le divin Franck Provost ; ont humilié hier soir, devant un bon milliard de témoins médusés, les sicaires bancals du secret bancaire !!! Cocorico...Mais nous avons à peine le temps de siffloter une triomphante Marseillaise devant notre bol de chicorée...Car il faut faire vite. Notre ration de survie composée d'une demi-biscotte engloutie et  déjà nous fonçons sur les pistes poussiéreuses du Sertao sarthois... En direction d'un spot tellement sauvage qu'à côté le mec de River Monsters, il pêche dans le petit bain du Club Mickey...Qu'il a dit, l'autre. On nous y reprendra, tiens !!!
Caramba...Encore raté....5 barcasses sur zone... Et de l'esthète, de l'épicurien, pour ne pas dire du maniéré^^... Bière au goulot à 8 heures du matin, double couche de thermolactyl coloris tchétchène sur la couenne malgré le cagnard infernal en train de monter, plus le sacro-saint éventail XXL de flotteurs rouges autour de chaque navire... La pêche de demain du futur en force !!!^^ Heureusement que l'abus d'alcool au soleil a le don d'amoindrir la résistance à l'impérieux appel de la sieste pour le vieux mâle couperosé !!! Ainsi nous serons bientôt seuls à profiter des lieux.
Nous prendrons successivement plusieurs sandres plus ou moins maillés^^ tout en loupant un nombre considérable de touches en mode coup-de-fusil.... Benjito, l' oeil rivé à son échosondeur, ne cesse de nous assurer que les poissons sont toujours là mais il faut se rendre à l'évidence : ils sont désormais bien calés, rendus à la circonspection gustative par la naumachie débridée des heures précédentes...
La chaleur grimpant en flèche, nous déciderons, sagement, en fin de matinée et en accord avec nos dermatologues respectifs, d'arrêter là les réjouissances afin de profiter joyeusement de la rustique gastronomie yannistanaise. "Histoire de torcher le cubi" comme on dit là-bas, avant de reprendre fourbus, des étoiles dans les yeux et des toxines plein le foie, le chemin de croix de notre morne grisaille urbaine....Quelle triste existence que la notre en vérité quand on la constate finalement si policée, si mesquine, si pusillanime, bref si éloignée de la poésie rustique émanant de cette contrée hors du temps, ne mégotant pas sa flamboyante sauvagerie, repoussant avec mépris les sordides artifices du fitness pour bobos d'la  ville et portant, fièrement, sans chichis, bien haut ses traditions de dipsomanie champêtre !!!

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