vendredi 28 mai 2010

N'en jetez plus^^

Il y a des jours où on se demande ce qu'on fait au bord de l'eau tant les éléments s'acharnent contre nous avec la régularité sadique d'un métronome misanthrope^^... A peine le temps de leurrer un chevesne au drop-shot que déboule le long de la rivière un chatoyant monôme de retraités, à peine bruyant et très discret...

Bon, changement de poste...Un petit coup de voiture, un nouveau spot...Le temps de décrocher deux perches au Jig Keitech et d'en prendre une au Tube, j'entends comme une rumeur descendre des hauteurs du sentier qui longe la rivière...Hum, hum...Décidément, j'ai du bol. Une classe verte en vadrouille. C'est la totale. Let's go away !!!


Le troisième spot m'offrira ce privilège trop rare que constitue la rencontre avec un boxer mécontent et visiblement en rupture de laisse. Repli stratégique en bon ordre et nouvel envol vers...Autre part^^La chaleur commence à me faire douter sérieusement du bien-fondé d'insister plus avant...Une vipère sur laquelle je suis à deux orteils de marcher finit par indirectement me convaincre de rejoindre des contrées plus civilisées...Là, je me console en prenant deux bass au soleil avant de définitivement lâcher l'affaire...Quand je pense que certains croient qu'on se repose à la pêche...Laissez-moi rire !!!

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samedi 15 mai 2010

No fish-land 44

La Loire-Atlantique...Deuxième département métropolitain pour la surface aquatique. Sur le papier, le rêve. En réalité, une autre chanson. Un fleuve, la Loire, difficilement pêchable ( courant + marnage ), un grand lac naturel de plaine, Grand-Lieu, interdit sur toute sa surface à la pêche de loisir ; des zones de marais ( Brière, Goulaine, Marais breton ) archi-braconnées, inaccessibles du bord sur quasiment tout leur périmètre ( terrains privés, chasseurs bourrés...). 


Deux grandes rivières, l'Erdre et la Sèvre nantaise, avec un nombre d'accès pêchables ridicules et où, implacablement, s'agglutinent en grappes compactes des régiments de vifeurs hargneux grands consommateurs d'espace vital ( 30 mètres entre chaque canne en gros...). Des étangs pourris d'algues et de jussie...Des petites rivières paumées qui cumulent toutes les menues contrariétés vues ci-dessus, ainsi que des écrevisses à pattes rouges par tonne à l'hectare ; ce qui n'arrange pas leur niveau de turbidité...You're welcome !!!


Avec sur les berges des barbelés et des gros chiens qui mordent pour compléter le tableau...La Loire-Atlantique...Toutes les qualités : pollutions domestiques, industrielles, viticoles et agricoles. Des coins envasés, où le botulisme règne sans partage...Si on y ajoute le pompage éhonté de la nappe phréatique qui transforme bien des biefs du sud-Loire en oueds dès fin juillet, on comprend que le 44 n'est pas vraiment le lieu à conseiller pour des vacances-pêche réussies...

Pourtant, quand j'étais enfant, on en voyait des pêcheurs sur les rives. On en voit encore, vous me direz. Oui, on en voit. Sauf que j'ai du mal à considérer comme "pêcheurs" des gars qui n'ont de cesse au printemps que de viander les sandres, secouer les bass sur leur nid ou encore, l'été venu, de remplir leurs glacières de dizaines de mulets farcis de PCB et plus ou moins harponnés "à la régulière"... 




Je dois être d'une sensibilité supérieure à la moyenne.

Oui, faut vraiment aimer se faire du mal pour continuer à raquer chaque année une carte de pêche au coût prohibitif pour pêcher des coins vides de poissons, riches en déjections canines et qui, deux semaines après l'ouverture, ont plus des airs de décharge sauvage que d'un endroit bucolique où on pourrait innocemment s'évader du stress quotidien en pratiquant un loisir que le grand public croit naïvement être réservé à des gens respectueux de la nature...

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lundi 10 mai 2010

Atmosphère d'ouverture

On a beau dire, on a beau faire, se blinder d'une armure de cynisme et d'un casque de résignation en kevlar comme les tatous devraient le faire avant de traverser la Route 66 au nez et à la barbe du truck vrombissant qui les transformera en galette...A chaque ouverture, c'est pareil : à un moment ou à un autre, on se demande ce qu'on fout là...D'accord, on est à la pêche, on y va pour y leurrer quelques poissons et pour justifier à ses propres yeux les investissements dispendieux, les achats compulsifs et autres bricolages laborieusement foireux aux quels on a consacré durant la fermeture nos moments de liberté...C'est humain. Trois mois d'attente, surtout quand on a pas de 1ère catégorie à disposition, ça travaille son homme, c'est indéniable...

Pourtant, au bout d'une semaine, le soufflé est retombé, l'enthousiasme se ramollit, l'introspection guette...La faute à quoi ? Au manque de touches ? Non, ça, à force de traîner nos guêtres vaseuses dans le coin, on s'y est habitués...On est bien conscient d'ailleurs surtout au bout de quelques années de pratique que le mois de mai, à moins de gratter les frayères comme un bon blaireau, ce n'est que trop rarement la fête du slip en néoprène...

Non, le truc qui chagrine, navre, pousse même parfois à une grosse déprime métaphysique, ce n'est plus le facteur "poisson" ni le facteur "météo"...Ce sont surtout les "pêcheurs" ( si on peut les nommer ainsi...) que l'on rencontre en ce début de saison qui minent le moral. Des tronches de tueurs d'enfants vêtus de treillis camouflages, le cul dans l'herbe, vinasse en main et surveillant vaguement le feu du barbecue et pas du tout leurs grosses bouées rouges faisant office de flotteur à vif...Des dizaines de canettes de bière vides ( faut bien s'occuper avant l'apéro...) matérialisent le périmètre que s'est arrogé la horde. Quel spectacle...Pas étonnant que l'image de la pêche reste hyper fun trop branchée dans l'esprit du grand public...



L'ouverture, c'est paradoxalement le seul moment de l'année où je ressens un vague malaise à aller à la pêche et à risquer être assimilé, dans l'esprit de la plupart des badauds croisés sur les berges, à cette  catégorie de pratiquants...Effroyablement majoritaire...Et dont le seul objectif est de " rembourser " au plus vite son permis de pêche en empilant carcasses sur carcasses dans son congélateur industriel acheté à crédit. En règle générale, je me soucie assez peu de l'opinion d'autrui mais là, me retrouver dans la situation d'être confondu avec une population ; dont la fréquentation impromptue vous amène  à songer que la thèse de la disparition totale du rameau néandertalien a peut-être été avancée à la légère ; ça, ce n'est pas du tout le genre de gratification dont on rêve en secret...

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