Vivement la quille !!!

S'il existe un domaine dans lequel la sobriété, la probité et l'exposition objective des faits sont plus maltraitées qu'un Rom à un meeting UMP, il s'agit bien de la pêche à la ligne dans sa dimension "médiatique"... En effet, il est rare de trouver, au moins hors période électorale, un environnement aussi propice au bobard éléphantesque.

Au pays de Canaan des mythomanes, dans cet Eldorado des joueurs de pipeau, la tartarinade trop bien assumée est à la pratique halieutique ce que les dessous de table sont aux marchés publics. L'image du pêcheur, surtout pour ceux qui fréquentent les zéros sociaux, reste ainsi traditionnellement attaché à cette représentation immuable qui le dépeint comme un sordide hâbleur de bistrot, un pathétique véllléitaire va-de-la-gueule, bref, un pauvre type dont la finesse d'esprit n'est pas pas la qualité première, ne vivant que pour sauver l'industrie du picon-bière et, plus ou moins occasionnellement, colporter des rumeurs mettant à mal les certitudes scientifiques de certains ichtyologues crédules fréquentant le même estaminet...

Cela dit, le dipsomane baratineur, le harangueur de comptoir, le m'as-tu-vu de chef-lieu de canton, ça se cantonne sagement dans le pittoresque. Rien à voir avec l'engeance visqueuse qui ressort de son trou à chaque trimestre de fermeture... Le Père la Morale dans toute sa splendeur, le psychorigide en démonstration... Le pharisien pour chromos. L'arbitre des élégances, le peigne-cul adepte du dernier mot... Le hargneux, plus casse-bonbons que le teckel érotomane de votre tata qu'il est, le malfaisant, à toujours relancer le schmilblick... Celui qui a raté sa vocation de juteux de semaine et qui compense tant bien que mal en bouffant du Code rural et en chiant du répressif... Celui qui aurait fait un tabac avec un crayon, du papier et des timbres sous la mandature du si sincèrement engagé dans la construction européenne Pierre Laval... Bref, la punaise de paillasse qui se prend pour la Nadine de Rotchild des viandeurs de bassines, le mollah Mollard qui crache des Fatwas au plus petit soupçon d'hérésie et qui se drape, outré, dans sa pudibonderie sournoise de peine-à-jouir congénital, ça finit à la longue par éroder mes penchants humanistes...

Mais qu'à cela ne tienne !!! Il suffit de retrouver le chemin du bord de l'eau pour oublier en un clin d'oeil jusqu'à la misérable existence de ces nuisibles. Au programme de ce midi, quelques essais de leurres et de petites tentatives artistiques...

Parmi les merveilles à tester, une imitation du Bent Minnow OSP qui a failli être baptisée au premier lancer^^... Il faut dire que sa nage en "S" a de quoi rendre folles les pauvres bêtes !!! Hélas, le brochet glouton qui l'avait attaqué a subrepticement profité d'un herbier touffu pour s'éclipser à la sournoise !!! Pas mal pour un leurre vendu 1$...

Finalement, après avoir balancé de plus en plus nerveusement dans l'onde, divers leurres pour quelques suivis dubitatifs, quelques tapes sans suite et un somptueux loupé d'un gros maladroit sur mon Spook JR, c'est un leurre articulé à 30 centimes d'euro qui me sauvera de la douille dans les arrêts de jeu...

Un peu timide le jeune homme...On voit bien que ce n'était pas spécialement la journée Gueule Ouverte^^...

Allez plus que 30 jours...La quille, bordel !!!

Le leurre-miracle de la semaine^^

Le JOKER LURE( Quantum )... Un leurre souple qui rencontre partout un succès fou...

Je suis toujours d'une circonspection évoquant celle du hérisson dépressif s'apprêtant à traverser la Francilienne un jour de grands départs lorsqu'il s'agit de s'extasier devant le dernier truc à la mode de la boule qui tue grave ta mère en string en double page centrale de Predators...

Cela dit, dans le cas qui nous occupe présentement, il ne s'agit  certes pas de la dernière nouveauté en date. On est loin du remède miracle du Dr Sponso. Si, vous savez bien...Le gadget qui n'est même pas encore sorti de l'usine chinoise que, déjà, des propagandistes sans aveu le proclament à tout crin comme étant indubitablement le truc le plus merveilleux depuis le premier stand-up de Jésus Christ , l'invention du steak-frites ou même l'égalisation de Wiltord à la fin du France-Italie de l'Euro 2000 !!! On y a droit tous les ans, voire tous les mois...Bref,  revenons à notre Joker... Le bousin a déjà au moins 3 ans d'âge. J'avais à l'époque mis de côté son acquisition en attendant ici ou là des retours plus ou moins objectifs quant à son utilité/efficacité dans les eaux du domaine public franchouillard...

Le concept est intéressant. Un leurre souple à plombée interne qui nage en planant sur les relâchés, on sent de suite le piège perfide à percidés ourdi sournoisement par une équipe de fins techniciens !!!

Or, manifestement, après de longues recherches d'environ 10 minutes ( et oui, je suis encore jeune d'esprit^^ ), le produit n'a pas connu une brillante destinée dans nos contrées plus tournées vers le bling-bling-fishing... Pourtant les Allemands et les Anglais, pour ne citer qu'eux, semblent être des adeptes résolus de l'engin ?

Bizarre... Les poissons seraient-ils moins éduqués outre Manche et outre Rhin pour succomber en rangs serrés au charme troublant de ce petit truc ? Les Britanniques et les Germains seraient-ils les infortunées victimes d'un si faible niveau de vie qu'il leur interdirait d'acheter du One Up par palettes entières ? Ou alors, plus logiquement, ce leurre ne serait-il pas vendu assez cher pour convaincre notre public hexagonal bien lobotomisé de lui donner sa chance ?^^ D'autant que ce leurre semble aussi bien marcher en eau salée...

Ne me faites pas dire que c'est le côté technico-technique qui rebuterait nos starlettes halieutiques !!! Quand on voit avec quelle dextérité ils arrivent à ne pas perdre un spinnerbait dans un bassin de démo, on sent de suite qu'ils seraient plus qu'à la hauteur dans cette configuration, voyons...

Bref, encore un petit truc sur lequel il serait bon de se pencher...A priori je songe plutôt à bricoler un truc dans le style plutôt que d'en commander mais bon, on verra... En attendant, ça me parait pas le pire truc à mettre au bout de sa canne...

Pikothérapie

La fermeture, surtout quand on pas eu le temps de s'offrir un dérivatif truité, c'est long, on le sait. Autant en février, bon, ça caille, ça mord pas des masses et le salon de Nantes offre quelque part un ersatz, autant le mois de mars s'étire en longueur. Heureusement que les bassines privées existent... Sinon on en serait réduit à la pêche virtuelle sur le net et ça, c'est pas bon pour les finances !!!^^

Comme de bien entendu, après des semaines de chaleurs records, le jour où je peux aller faire le kéké, paf, 10°c en moins, un petit vent de nord/ouest bien piquant, le temps idéal pour caler les poiscailles. Pendant deux heures, j'ai beau passer en revue la boite à leurres, rien... A part le classique suivi dubitatif de la poutrasse qui ne quitte pas son coin attitré. Maline la bougresse, elle risque de s'avérer difficile à faire mordre... Finalement c'est une TP à palette maison ornée délicatement d'un Fat Swing Impact 4,8" qui décidera les deux seuls poissons de la sortie. Je m'en sors pas si mal que ça vu comment ça partait^^...

Il va quand même falloir que je me remue du pattern pour la prochaine fois. Les herbiers commencent à bien repousser. Tant qu'il ne fera pas assez chaud pour pilonner au leurre de surface, il va falloir la jouer subtile...Aie aie aie, je suis pas équipé pour !!!^^

Le streetfishing, voila l'ennemi !!!^^

Quelques minutes plus tard, à la vue de ces pêcheurs parisiens que, de 1814 à 1940, aucune défaite n'a pu troubler, le sous-officier allemand fait réflexion sur l'Allemagne  où les hommes ont "trop à faire" pour  s'abandonner à un passe-temps qui lui apparaît "tout à fait amoral et antisocial, car il représente une perte pour la société, l'amollissement d'une force qui pourrait être active et utile."

l'Illustration du 12 avril 1941, cité par Henri Amouroux in "Les beaux jours des collabos", page 205

A travers cet extrait d'un article tiré de la presse collaborationniste, on découvre au delà du contexte bien particulier que les polémiques issues des idées reçues sur le simple fait de pêcher à la ligne en ville ( faut que je me méfie avec l'emploi du terme "streetfishing" car il est déposé en bonne et due forme par des gens qui ne plaisantent pas^^ ) ne datent pas d'hier. De tout temps, en effet, on a glosé goulûment sur le pêcheur citadin se contentant de pêcher où il pouvait, loin du cliché bucolique et des senteurs printanières revigorantes du lisier bien de chez nous, juste pour le plaisir de tremper du fil afin de tenter d'oublier en glandouillant quelques instants les sinistres abrutis rêvant à un taux de croissance à deux chiffres et/ou à un Reich millénaire qui font si souvent par leur entreprenante bêtise de notre trop brève existence un chemin de croix... Des Feldwebel sentencieux ou des ultra-libéraux de bistrot, ça, on n'en manquera jamais malheureusement !!! Même si l'on ne doit pas perdre de vue qu'un tel écrit laborieusement pondu à la servile par un journaliste sucebouliste versant dans l'hagiographie à la moindre saillie de corps de garde, considération métaphysique laxative ou autre aphorisme pour protozoaires proférés par le plus insignifiant gradé subalterne de la Wehrmacht, ne peut être comparé avec l'objectivité et la probité sans faille dont font aujourd'hui preuve ceux qui nous apportent la lumière de leur science en éclairant nos ténèbres halieutiques...

Pour rester dans l'historique parisianiste, on peut se douter, avec un brin de sagacité, que le taquineur de goujon n'ait pas apprécié jadis d'avoir à subir le report de l'ouverture du brochet pour cause de drakkars en double file, qu'il n'ait point goûté de voir son coup à gardons saboté par un amorçage sauvage aux parpaillots ni que la proposition de Robespierre d'augmenter les TLC ne soit pas une des causes les plus évidentes du 9 Thermidor... Ah les belles histoires du temps passé...

Entre nous, on ne peut que célébrer ces anonymes pêcheurs parisiens qui, durant ce premier printemps d'Occupation, trouvaient plus gratifiant d'embêter quelques brèmes plutôt que de s'apprêter, à l'exemple de ces besogneux Allemands si soucieux de la collectivité, à courir se faire congeler devant Moscou, étriper à Stalingrad et écrabouiller à Koursk... Sans trop m'avancer, toutefois, j'imagine volontiers que parmi les troufions germaniques, si on leur avait demandé leur avis, il y en a plus d'un qui aurait sans nul doute préféré enchaîner à la fraîche les bredouilles sous le pont de  l'Alma, accompagné de quelques litrons, plutôt que de découvrir, dans le meilleur des cas, les sports d'hiver en Sibérie. On ne dira jamais assez ce qu'une pratique régulière de la pêche à la ligne peut éviter comme bouleversements géopolitiques... Enfin, tout ça, c'est du passé, ma bonne dame. Il est temps de se tourner vers l'avenir et ses promesses !!!

Vous me remettrez bien un kilo de truites bioniques ?^^

Cygne d'étang...

Sous l'apparent ésotérisme naturaliste de ce titre se cache, j'aime autant vous prévenir, une dénonciation sans aucune concession de cette ambiance merdique, si furieusement tendance, régnant à tous les étages du net et impliquant à la fois la dérégulation de l'orthographe, le viol collectif de la syntaxe, bref la prime sans cesse renouvelée au moins-disant culturel... La pêche, loisir populaire par excellence,  mis trop souvent en lumière par des zélateurs dont la qualité première n'est souvent que l'adhésion à un onanisme virtuel frénétique, n'échappe évidemment pas une seule seconde à cette altération générale de l'expression... Enfin, à quelques rares et heureuses exceptions près !!!
 

Malheureusement, je viens juste, comme tout le monde,  d'apprendre avec stupeur la fin de la mini-série Culture Fish. En effet, les annonceurs ont coupé le robinet. Pas cool. Faut dire que les créateurs de Culture Fish, les petits salopiots, ont cherché les ennuis aussi...Présenter la pêche comme un loisir rigolo à portée de n'importe qui, c'est limite... Où allait-on, voyons ?^^



Dommage, même si j'avais parfois du mal à encaisser le format "clipesque" du truc, la plupart du temps, les séquences étaient riches en trouvailles visuelles, pleines de passion, de franche déconnade, bref de tout ce qui fait le charme de la pêche pour ceux qui n'ont pas la tête trop gonflée...

 

Adieu Culture Fish... Tu auras été un bref rayon de soleil dans la grisaille hermétique des blogs interchangeables, des réclames bidonnées et autres publireportages pour demeurés profonds, rédigés en style SMS néandertalien et dont la vanité, la mythomanie, voire les derniers outrages infligés au subjonctif, constituent l'inexorable marque de fabrique...

 

La kermesse pathétique

 Le week-end prochain, à l'aube, dans la brume pleine de promesses sonnera l'heure triomphale de l'ouverture de la truite, cet évènement immémorial annonçant au pratiquant émérite une journée pleine de joie qu'il traversera, loin de sa si peu accorte maritorne, dans un état d'ivresse à peu près complet. La horde couperosée, ahanante et lâchant au hasard de la brise des bouffées de Gitanes bleues s'emparera de la quiétude matinale, piétinera ardemment les timides tiges printanières et abandonnant au gré de la topographie quelques monticules de bouteilles vidées fébrilement, goûtera vite à la virile saveur de ces sempiternels autant qu'incisifs débats d'ouverture tendant à promettre mille tourments aux incapables de l'AAPPMA locale ayant poussé la pingrerie jusqu'à déverser moins d'une tonne de truites de bassine au mètre-carré...

Exagération ? Médisance ? Faut voir...En effet, mes acerbes propos peuvent apparaître pour le moins pessimistes aux profanes, aux optimistes, bref, aux victimes des clichés médiatiques qui ne conçoivent la pêche de la truite qu'en mode chapeau de paille, double-traction à la fluidité aérienne, torrents limpides regorgeants de monstres scintillants...Brad Pitt au Montana avant les liftings, les résidences secondaires bobos et l'exploitation des gaz de schistes... Autre chose que le lombric qui tâche immergé sous un bouchon fluo, hein, Paulo ?...Bref... Revenons sur terre. Plus précisément dans le 44... Ou le 49... Pour bien préciser les choses, je parle ici des FAMEUSES premières catégories de notre Grand Ouest. Des rivières de plaines, soumises à toutes les avanies dont sait se montrer prodigue l'intouchable mafia de la FNSEA... Autant dire que les populations autochtones y sont plus que rarissimes, souvent à la limite de l'artéfact, et que les truites OGM qui y sont déversées pour satisfaire l'innommable clientèle n'ont qu'un très lointain rapport avec ce qu'était jadis une fario indigène avant l'invention du Round-Up... 

Dire que je bouillonne d'impatience à l'idée d'aller rejoindre l'infâme cohorte serait, je le crains, un tantinet présomptueux. Même si, par la grâce subite du législateur, je dispose enfin cette année d'une première catégorie à moins de 100 km de mon domicile, l'idée de croiser l'abominable marée que génère ce genre de journée heurte l'humaniste qui sommeille sous mon treillis camouflage. Je vais sans doute hypocritement laisser passer l'infernale cohue des cocufiés du lâché ( avec seulement 30 kilos de truites/portion pour toute l'agglomération nantaise, va y avoir du viandard déçu, je vous dis que ça !!!^^ ) et attendre les premiers rayons de soleil ( s'ils arrivent...) pour taquiner le chevesne à la peinarde... Bref, l'ouverture, merci bien !!!